La déforestation est source de disparition massive de la superficie d’une forêt, notamment sur les montagnes de la Cuesta de Bombouaka. Malheureusement, les impacts écologique et social sont graves à long terme. Contribuer à la déforestation, c’est un peu comme scier la branche sur laquelle on est assis. Les forêts sont les poumons du monde : elles purifient notre atmosphère et soutiennent la régulation climatique en stockant le carbone. Prendre soin des forêts qui nous entourent, favoriser et entretenir les espèces locales dans nos espaces verts, soutenir le reboisement, ce sont autant d’actions que le REFED souhaite vulgariser, et ce grâce à l’appui technique du Fond pour l’environnement Mondial (FEM).
Présentation du projet
Il y a encore quelques décennies, les montagnes de Goundoga abritaient une forêt qui freinait l’érosion, et où les femmes s’approvisionnaient en bois de chauffe ; il y a encore quelques décennies, la fertilité des sols de Goundoga assurait aux habitants de la localité une abondance de récoltes aux soirs des campagnes agricoles, et par ce fait même, une sécurité alimentaire toute l’année durant ; il y a encore quelques décennies les pratiques et techniques agricoles étaient saines et respectueuses de l’environnement. Mais tout cela, c’est il y a quelques décennies.
Aujourd’hui les sols sont moins fertiles, mettant en péril la sécurité alimentaire des populations. Et l’usage des engrais, des pesticides et des produits phytosanitaires n’ont guère amélioré la situation des sols. Bien au contraire ! Pour survivre, les populations n’ont eu d’autres choix que de se tourner vers la coupe du bois en vue de la fabrication et la commercialisation du charbon de bois, dépeuplant ainsi les montagnes de ses arbres.
Soucieux de ces problèmes environnementaux, le Réseau des Femmes et Développement (REFED) s’est tourné vers le Fonds pour l’Environnement mondial (FEM) en vue d’une mise en œuvre commune du projet « Vulgarisation des bonnes pratiques de conservation et de gestion durable des terres agricoles et de l’écosystème dans deux villages du canton de Goundoga : Goundoga-Centre et Sankpong ». L’objectif global du projet est de contribuer à la restauration de la fertilité des terres afin d’augmenter la productivité agricole de ces zones faisant partie de la Cuesta de Bombouaka, grâce aux pratiques écologiques responsables. A travers la mise en œuvre de ce projet, trois objectifs spécifiques sont visés :
- Vulgariser les pratiques de gestion durable des sols à travers l’agroforesterie auprès des groupements agricoles de femmes et de jeunes des villages de Goundoga-Centre et de Sankpong ;
- Reboiser les flancs de montagne de Goundoga-Centre et de Sankpong avec des essences locales à vocation bois-énergie et productrices de produits forestiers non ligneux (PFNL);
- Améliorer les conditions de vie des femmes et des jeunes à travers la promotion des AGR écoresponsables alternatives à la coupe du bois et à la fabrication du charbon de bois.
Les activités du projet seront axées autour de la sensibilisation et le renforcement de capacités sur la gestion durable des sols, le reboisement de flancs de montagne et le financement des Activités Génératrices de Revenus (AGR) toutes respectueuses de l’environnement.
Reboisement à Goundoga-Centre et à Sankpong
Parmi les espèces à planter, le choix a été porté d’une part, sur les essences aptes à donner des produits forestiers non ligneux (noix de karité, noix cajou, graines de néré, …) pour leurs valeurs économiques dans la région des Savanes à travers la cueillette, la transformation et la commercialisation des fruits et d’autre part, sur les essences locales à vocation bois-énergie à l’exception des essences envahissantes. Tous les choix des essences se sont faits avec l’appui de la Direction Préfectorale de l’Environnement (DPE-Tandjouaré) et les bénéficiaires. Comme stratégie de plantation, les PFNL seront installés au centre. Derrière l’idée de création des micro-forêts communautaires, le projet a jeté les bases pour un accroissement de puits de carbones par l’augmentation du couvert végétal dans la préfecture de Tandjouaré répondant ainsi aux ambitions gouvernementales de planter un milliard d’arbres d’ici 2030.
Au total, 50102 plants ont été reboisés, sur les flancs des montagnes de Sankpong et de Goundoga centre.
Evolution des champs-écoles
Les Champs-Ecoles sont une approche participative initiée pour le renforcement des capacités des communautés en vue d’augmenter leur production agricole et leurs moyens d’existence de manière adaptée au contexte local. Lieux d’échanges d’expériences et de connaissances, les champs-écoles permettent aux producteurs d’apprendre en pratiquant et les dotent d’outils pour analyser leurs pratiques et identifier des solutions à leurs problèmes.
L’objectif des champs écoles dans le cadre de notre projet, est de vulgariser l’agroécologie auprès des populations de Goundoga-Centre et de Sankpong dans la Préfecture de Tandjoaré. Les premiers plants de ces champs-écoles ont été mis en terre en juin 2023. Deux semaines plus tard, les champs écoles ont été labourés et les populations ont choisi d’y semer le maïs d’une part, et le soja d’autre part, deux des cultures les plus pratiquées dans la localité. Sur chacun de ces deux champs écoles, trois expérimentations ont été faites. Sur le premier tiers de chaque champ, on n’y a mis aucun engrais chimique ni bio. Sur le deuxième tiers, on a mis de l’engrais chimique. Sur le dernier tiers de chaque champs école, on a mis de l’engrais bio (compost), fabriqué par les bénéficiaires eux-mêmes après la formation qu’ils ont reçue. Un suivi a continuellement été assuré et au cours de ce mois, nous avons définitivement constaté que les parcelles engraissées par les fertilisants chimiques réussissaient mieux que les parcelles non engraissées. Cependant, les résultats observés sur les parcelles engraissées avec les fertilisants bio fabriqués par les populations étaient sans commune mesure avec les parcelles fertilisées à l’engrais chimiques. Les populations ont mieux l’intérêt de recourir aux fertilisants bio, car cela a le triple avantage
- D’enrichir le sol pour les cultures futures,
- D’être bon pour la santé
- D’améliorer la production agricole. La prochaine étape va consister à procéder aux récoles dans les champs écoles.
Fixation des plaques de visibilité
Toujours dans le cadre du projet, des plaques de visibilité ont été placées aux abord des surfaces reboisées à Goundoga-Centre et à Sankpong.
Ces plaques ont un double objectif. En premier, celui d’indiquer et d’accroître la lisibilité des surfaces reboisées par les populations grâce à l’appui technique et financier du FEM. Le second objectif est de pérenniser ce projet et de le rappeler aux mémoires des populations actuelles et futures.
Entretien et protection des plants reboisés
De septembre à octobre 2023, la mise en œuvre du projet a principalement consisté en l’entretien et en la protection des plants reboisés. L’entretien a consisté à désherber tout autour de chaque plant, afin qu’ils s’épanouissent sans l’influence souvent néfaste des mauvaises herbes.
Afin de protéger les plants reboisés, les populations ont mené trois (3) grandes activités. Premièrement,
- Des cages traditionnelles ont été confectionnées pour protéger les plants afin de les mettre à l’abris, aussi bien du soleil que des animaux.
- Des pare-feu et des chemins de terre de plus de quatre (4) mètres ont été créés afin d’éviter la propagation des flammes sur nos surfaces reboisées.
- Des cordons pierreux ou diguettes anti-érosion ont été installés. Ce sont des dispositifs antiérosifs composés de blocs de de pierres disposées en une ou plusieurs rangées le long des courbes de niveaux, ou autour de nos surfaces reboisées. Les cordons pierreux permettent de récupérer les terres dégradées, la gestion adéquate des eaux de ruissellement, la protection des effets de l’érosion hydrique et du déficit pluviométrique. Ils contribuent au maintien de la biodiversité de la flore et de la petite faune.
Pour faire face efficacement aux problématiques du changement climatique, le REFED fait de la protection de l’environnement une œuvre majeure de son action. Ce sont malheureusement les activités humaines qui sont impliquées dans le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement. C’est pourquoi il est indispensable de vulgariser les bonnes pratiques qui permettent de rendre l’environnement vivable pour les générations futures. Il est donc urgent que des actions concrètes et durables soient mises en œuvre par le REFED pour permettre aux différentes communautés du Togo, et surtout de la région de la Savanes, de mieux vivre, avec des activités de moins en moins polluantes et non dégradantes pour notre maison commune.