Un projet qui a changé des vies

Tissérande

Ils étaient quatre ! Quatre à venir témoigner du changement qui a été opéré dans chacune de leur vie après avoir croisé la route du REFED et de RAFIA (Recherche Appui et Formation aux Initiatives d’Auto-développement) ; deux structures qui ont mis en œuvre un projet grâce à un fructueux partenariat cofinancé par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Une réunion après action

Réunis le 03 Octobre 2023 dans la salle de réunion du REFED, le personnel du REFED, des représentants de l’ONG RAFIA, et un échantillon de bénéficiaires composé de quatre personnes ont accueilli les représentants du PNUD.
La délégation du PNUD était composée de M. Emile KENKOU, chargé de communication du PNUD ; de  M. Amévi DABLA, consultant, et de M. Jean de Dieu PANOU, assistant du consultant.

Photo de famille

La rencontre avait pour objectif de faire le point sur un projet précédemment exécuté par le REFED et RAFIA en partenariat avec le PNUD. Il s’agissait précisément de déterminer les résultats obtenus par le projet, de faire ressortir les défis et difficultés qui ont mis à mal son exécution, et de proposer des perspectives pour la mise en œuvre d’éventuels projets similaires.

Mécaniciens

Quel était le projet ?

Financé conjointement par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le projet était intitulé « Programme d’appui à la prévention des conflits et de l’extrémisme violent dans les zones frontalières du Bénin, du Burkina et du Togo ».
Il avait été exécuté sur la période de mars à octobre 2021.

L’objectif général du projet consistait à Améliorer les conditions de vie des populations vulnérables, en particulier des jeunes et des femmes dans les préfectures de Tône, Cinkassé, Kpendjal, Kpendjal-Ouest, et Oti-Sud, en renforçant leurs capacités de résiliences socio-économiques dans le but de les rendre moins vulnérables à l’exploitation par des groupes extrémistes.
La mise en œuvre du projet s’est déclinée en quatre grandes activités. La première activité a consisté en la sélection des bénéficiaires sur les 436 qui y avaient postulé.
Il faut préciser que deux types de bénéficiaires étaient pris en compte par le projet : des bénéficiaires individuels et des groupements de femmes.
Les bénéficiaires sélectionnés ont ensuite suivi une formation sur l’entrepreneuriat et la gestion d’une AGR ainsi que sur la cohésion sociale.
La troisième activité a consisté à munir chaque bénéficiaire de kits constitués de tous les outils et instruments pour que chacun mène à bien son activité.
Notons que ceux qui avaient besoin d’un renforcement de capacités ou d’un recyclage pour mettre en œuvre efficacement leurs AGR ont reçu un appui technique du REFED et de RAFIA à cette fin.
La quatrième activité majeure du projet a consisté en un coaching de chaque bénéficiaire pour s’assurer que les AGR connaissent une réalisation effective. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le projet a eu des résultats probants !

Et ils témoignent...

Bénéficiaire individuel dudit projet, Mme Bodjagle YAMBANDJOA, femme de 35 ans, raconte comment le projet a changé sa vie:

« J’étais mariée, et mon époux avait payé pour que j’apprenne la tapisserie afin d’être une femme indépendante et épanouie pour le bien de notre foyer, même si ce payement n’était que partiel en attendant de le solder. Cependant, le malheur a visité mon foyer et a emporté la vie de mon mari. Devenue veuve, et ne pouvant pas solder le payement de mon apprentissage, je me suis retrouvée seule, sans aucune aide, et presque rejetée de ma famille. Des mois de souffrance se sont écoulés ; une année entière est passée, et ma situation allait de mal en pis.

Mme Lare

J’ai ensuite entendu parler d’un projet que devaient piloter le REFED et RAFIA, et qu’il fallait constituer un dossier à déposer à la Mairie. Dieu aidant, j’ai été sélectionnée comme bénéficiaire du projet. Nous avons ensuite suivi une formation aux Affaires Sociales de Dapaong sur l’entreprenariat et la gestion d’une AGRD (Activité Génératrice de Revenus Durable) ainsi que sur la cohésion sociale.
Après la formation, j’ai été reconduite chez mon ancienne patronne pour y être recyclée et terminer mon apprentissage avec le soutien du REFED et de RAFIA. Une fois mon apprentissage terminé, j’ai ouvert mon propre atelier grâce au projet qui m’a octroyé un kit composé d’une machine à tisser et des fils qui m’ont permis de me lancer dans la vie professionnelle.
Aujourd’hui, j’ai de nombreuses apprenties, et grâce à mes revenues et en raison de la demande, je me suis achetée une seconde machine. Je me suis remariée et j’ai un magnifique garçon. J’aimerais tellement que le PNUD fasse revenir le projet afin de le faire profiter à d’autres personnes comme moi, qui n’ont aucun recours et qui sont laissées à elles-mêmes. »

M. Yentème LARE ; un autre bénéficiaire individuel du projet âgé de 28 ans, livre son témoignage :

« Très tôt, j’ai perdu mon père, et me suis retrouvé à airer çà et là car ma mère n’avait rien pour subvenir à mes besoins. Même si cette période est lointain souvenir, j’en ai souffert, et le plus douloureux, c’est que je vois des jeunes qui vivent cette situation déshumanisante. Pour m’en sortir, je suis allé en aventure en Côte d’Ivoire pour y travailler dans les plantations et me faire de l’argent. A mon retour, j’ai décidé d’apprendre la mécanique. Et grâce à l’argent que je me suis fait en côte d’ivoire, j’ai payé une partie de mon apprentissage.

mécanicien

Une fois mon apprentissage terminé, je n’avais pas les moyen de solder les frais de mon apprentissage afin d’obtenir mon diplôme ; diplôme sans lequel je ne pouvais exercer le métier que j’avais appris. J’ai alors décidé de me rendre une fois encore en aventure, cette fois au Ghana pour y travailler dans les mines. Ce fut un périple extrêmement difficile. Mais à mon retour, j’ai pu solder mes frais d’apprentissage auprès de mon patron, et récupérer mon diplôme. Quelques mois plus tard, à errer car n’ayant pas les moyens d’ouvrir mon atelier, j’ai entendu dire que le REFED et RAFIA souhaitaient aider des jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Sans grande conviction, j’ai constitué mon dossier que j’ai déposé à la Mairie. A ma grande surprise j’ai été retenu. Nous avons été formés sur l’entrepreneuriat et sur la cohésion sociale. Après la formation, on m’a immédiatement octroyé un kit composé du nécessaire pour ouvrir un atelier de mécanique. Aujourd’hui j’ai mon propre atelier, je me suis marié et j’ai un enfant. J’ai aussi intégré l’association des mécaniciens de la ville où je valorise la cohésion sociale et le vivre ensemble, fort de la formation que j’ai reçue. Rien de tout cela n’aurait été possible sans le PNUD, sans le REFED et RAFIA ; des structures qui ont prouvé qu’on pouvait leur faire confiance. »

Comme mentionné plus haut le projet a identifié des bénéficiaires individuels et des groupements de femmes. C’est en ce sens que deux représentantes du groupement Monyable du village de Kpadjenta ont accepté venir donner leur témoignage. Il s’agit de Mmes Liguipigue PIYOULE et Tenyame MAMOUDOU.

« Nous sommes un groupement de femmes qui se sont mises ensemble à la poursuite d’un seul et même objectif : celui de parvenir à notre autonomisation financière grâce à l’agriculture. Nous avons été mises au courant que le REFED et RAFIA souhaitaient venir en aide à des groupements. Nous sommes allées à la Mairie pour y postuler. Grâce à Dieu, nous avons été retenues et nous avons été formées sur l’entrepreneuriat et la cohésion sociale. Après la formation, nous avons reçu un kit composé d’une batteuse de céréales, d’un engin à trois roues (tricycle), des gants, des bottes, des cuvettes… et biens d’autres outils nécessaires à l’agriculture.

Femme-1_groupement
Femme-2_groupement

Aujourd’hui, nous sommes toutes épanouies dans notre groupement, et contribuons financièrement à la vie familiale. Nous avons les outils nécessaires pour mener efficacement notre activité. Après nos récoltes, nous mettons à peine quelques jours pour égrener nos céréales grâce à notre égreneuse, et grâce à notre tricycle, nous les transportons vers nos magasins plus aisément. Après nos récoltes, nous rentabilisons l’égreneuse et le tricycle en allant égrener les récoltes d’autres agriculteurs dans notre village et même dans des villages du Burkina, puisque notre village est situé à la frontière du Togo et du Burkina. En ce sens, la formation sur la cohésion sociale nous a permis de cultiver d’excellentes relations avec notre communauté, et surtout avec les populations des villages qui sont au-delà de la frontière. Nous ne savons vraiment pas comment exprimer notre reconnaissance envers le PNUD, le REFED et RAFIA. J’espère de tout cœur que d’autres groupements de femmes auront la chance que nous avons eue. »

Après les témoignages des uns et des autres bénéficiaires, M. Robert Djapiegou, chargé des opérations à RAFIA a pris la parole pour relever les difficultés et la nécessité liées à la mise en œuvre d’un projet dans la région des Savanes en cette période où l’extrémisme violent impacte la vie socioéconomique des populations rurales.

Il a aussi relevé la situation inquiétante des réfugiés et des personnes déplacées internes et leur délicate prise en compte lors de l’exécution des projets.

M. Robert
Mme Confort

Madame Confort KABISSA, Coordinatrice du REFED est également revenue sur la situation de l’extrémisme violent et des personnes déplacées.
Elle a aussi précisé qu’il fallait prendre soin de définir de façon précise que les critères de sélection des bénéficiaires sur les projets futurs.
La Coordinatrice du REFED, a ensuite remercié tous les participants à la rencontre, tout en exhortant les représentants du PNUD à pérenniser leur partenariat avec le REFED et RAFIA ; partenariat qui a fait naitre des résultats encourageants.

Elle a néanmoins regretté que la délégation du PNUD n’ait pas assez de temps pour visiter la région des Savanes, afin de mieux voir l’impact des résultats obtenus suite à l’exécution du projet « Programme d’appui à la prévention des conflits et de l’extrémisme violent dans les zones frontalières du Bénin, du Burkina et du Togo ».