Renforcement de l’engagement des femmes de l’Oti-Sud dans la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) et l’extrémisme violent.

photo de groupe ASW et REFED

C’est ainsi que dans le cadre du projet « Renforcement de l’engagement des femmes de l’Oti-Sud dans la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) dans la région des Savanes au Nord-Togo » en partenariat avec l’Association pour un Monde solidaire (ASW), le Réseau des Femmes et Développement des Savanes (REFED) veut contribuer à dénoncer les Violences Basées sur le Genre (VBG) et renforcer la cohésion sociale en formant 30 femmes leaders des huit (08) cantons de la préfecture de l’Oti-Sud, à savoir : Tchamonga, Mogou, Gando, Sagbiégou, Koumongou, Kountoiré, Takpamba et Nali.

Objectifs

Renforcer les capacités des femmes sur les VBG, la prise en charge psychosociale des Survivantes, le leadership, la cohésion sociale et le vivre-ensemble afin de contribuer à l’amélioration de la paix et de la non-violence.

Spécifiquement, il s’est agi de :

  • Élaborer des modules de formation sur tous les contours des VBG, la prise en charge des Survivantes des VBG, le leadership de la femme, la cohésion sociale et le vivre-ensemble ;
  • Former 30 femmes des 08 cantons de la préfecture de l’Oti-Sud sur ces thèmes ;
  • Orienter les femmes dans la conception des sketchs pour des sensibilisations communautaires.

Résultats attendus

A l’issu de ces sessions de formation :

  • 30 femmes des huit (08) cantons de la préfecture de l’Oti-Sud (à raison de 3 femmes au moins par canton) sont formées sur les thématiques suscitées ;
  • Des sketchs sur les thématiques suscitées ont été produits pour permettre aux femmes formées de les utiliser pour sensibiliser leurs communautés sur les thématiques abordées pendant les formations.

Méthodologie

La méthodologique utilisée est l’approche participative qui a permis une participation interactive des femmes aux 02 sessions.
Des projections PP ont été aussi utilisées, mettant beaucoup d’images illustratives à l’appréciation, aux commentaires et débats des femmes. Les travaux en carrefour, les présentations en plénière, et le partage d’expériences sont utilisés pour permettre aux participantes d’assimiler les différents modules dispensés au cours de l’atelier. Ce qui a permis la compréhension rapide des concepts.
Les formations ont été faites en français facile et reprises en langues locales à savoir, le Gangam et l’Anoufo majoritairement parlées dans la préfecture.
Ainsi les activités s’articulent autour des points suivants :

  • Les communications
  • Les travaux en atelier
  • L’élaboration des sketchs et spots publicitaires.
les participantes à la formation

Modules développés

Les trois premiers jours de la session ont concerné les modules sur les VBG et la prise en charge psychosociale des victimes ou des Survivantes des VBG. Les participantes ont eu droit à :

LA DEFINITION DES CONCEPTS ET LEUR TRADUCTION OU EXPLICATION EN LANGUES LOCALES :

  • Genre qui se réfère aux différences sociales et aux rapports sociaux entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons. Le genre est acquis, socialement défini, culturel, variable dans le temps et d’un pays à un autre ;
  • Sexe : quant à lui est inné, biologiquement défini ;
  • Egalité : Possibilités et chances égales dans l‘existence ne signifie pas que les femmes et les hommes deviennent identiques mais que les droits, les responsabilités et les opportunités des femmes et des hommes ne dépendent pas de ce qu’ils soient nés de sexe masculin ou féminin ;
  • Equité : Etre juste envers les femmes et les hommes.

Compenser les désavantages historiques et sociaux qui empêchent les femmes de profiter des chances égales. L‘équité mène à l‘égalité.

  • Discrimination : Action ou omission qui a pour effet, intentionnel ou non, de limiter les possibilités offertes à certaines personnes ou à certains groupes en raison de leurs caractéristiques personnelles
  • Inclusion: Un accent est mis sur des groupes spécifiques (par exemple les migrants, les personnes handicapées, etc…)

Engagement, inclusion et participation à la prise de décision, issus de la tradition du développement durable (Ne laisser personne de côté)

Alors, quelles sont les causes des VBG ?

- l’arbre des VBG est un schéma qui a permis aux participantes de comprendre les causes profondes (qui sont représentées par les racines), les conséquences (représentées par des feuilles vertes), les formes des VBG (représentées par le tronc) et les facteurs contributifs aux VBG (représentés par une porte ouverte au tronc de l’arbre).
Cette représentation, pour faire comprendre aux participantes qu’il faut chercher à lutter contre les VBG, en les prenant par la racine, en ce sens que, pour faire mourir un arbre définitivement, il faut l’attaquer par ses racines. De ce fait, les femmes vont commencer dès maintenant à changer de mentalité, en brisant le poids des tabous, de la honte, et sortir du silence.

  • Faire comprendre les uns les autres que ce sont les individus très proches des femmes / filles qui se révèlent souvent être auteurs de violences.

 

LES STEREOTYPES LIES AUX VBG :

Les stéréotypes sont des attributions aux hommes et aux femmes de certaines caractéristiques ou rôles qui produisent la conviction que ceux-ci/celles-ci sont liés au genre. Ces stéréotypes renforcent l’inégalité en tant que biologiquement ou culturellement fixée

QUELQUES INSTRUMENTS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX RELATIFS AUX DROITS DES FEMMES

Les participantes ont fait la connaissance des textes relatifs aux droits humains, et particulièrement aux droits des femmes.
Cette présentation a été soutenue par des jeux de rôles, une projection de films ; ceci pour faire comprendre aux femmes de ne pas avoir peur, car la lutte des droits de femmes est connue aussi bien sur le plan international que sur le plan national et même des autorités locales. On note entre autres :

  • La Constitution Togolaise ;
  • LA CEDEF : Convention de l’Elimination de toutes sortes de Discriminations à l’Egard de la Femme ;
  • Code des Personnes et de la Famille ;
  • Le Code Foncier et Domanial togolais ;

LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE DES VICTIMES OU SURVIVANTES DES VBG

Il s’agit de dire aux femmes les démarches à suivre pour venir en aide à une victime de VBG :
Ce qu’il ne faut pas faire : il ne faut pas donner des conseils, ni poser des questions pour essayer de comprendre ce qui s’est passé dans les moindres détails. Il ne faut dire ce qu’il faut faire. Il ne faut pas donner son opinion personnelle sur les cas des victimes ou des Survivantes.
Ce qu’il faut faire, c’est d’orienter la personne en besoin vers les centres de prise en charge des VBG

COMMENT PRENDRE EN CHARGE UNE VICTIME DE VBG ?

  • En recueillant un témoignage, il faut s’assurer de ne porter aucun préjudice au ou à la survivant(e), en l’exposant à des représailles de la part de son agresseur, ou de sa famille, à une stigmatisation ou à d’autres actes de violences de la part de sa communauté ou de sa famille, ou à une nouvelle victimisation;
  • Il faut Ecouter attentivement sans jugement ni discrimination à l’égard de celui ou celle qui en a besoin, et fournir des informations pertinentes sur les services de prise en charge disponibles dans la localité ; et laisser le-la survivant(e) opérer son choix ;
  • La non-discrimination: Il faut accorder un traitement juste et égal à toutes les personnes en situation de besoin ;
  • Il faut Accepter les émotions des victimes ou des Survivantes ;
  • Avoir des paroles apaisantes envers les survivants des VBG.
formation

LES SERVICES ET STRUCTURES DE PRISE EN CHARGE DES VICTIMES OU SURVIVANTES DES VBG

La meilleure prise en charge sanitaire des survivants-es se fait entre 03 et 05 jours suivant un incident. Plusieurs centres de santé ont les capacités de fournir des traitements contre les IST, le VIH et les grossesses non-désirées, des traitements antirétroviraux et de la pilule du lendemain.
Ces informations doivent être données aux survivants-es, mais la décision de se diriger vers un service de santé leur revient.
Il faut noter que les centres d’écoute sont rares dans notre région. Les structures qui s’occupent de la prise en charge des survivant-e-s dans les 07 Préfectures de la région des Savanes sont :

  • Les Directions Préfectorales de l’Action sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation (donc ici de l’Oti-Sud) ;
  • Les Points Focaux Préfectoraux (PFP) du REFED : (ici le PFP REFED Oti-Sud).
  • Les centres de santé (CMS, CHP, CHR, etc.)

MODULE LEADERSHIP :

La présentation de ce module a commencé avec la définition des concepts :

  • Leadership qui est « la capacité d'un individu à influencer, à motiver et à rendre les autres capables de contribuer à l’efficacité et au succès des organisations dont ils sont membres. La façon de donner une vision à son association et d’influencer les parties prenantes ».
  • Leader qui désigne « toute personne, à la fois homme ou femme, qui a une influence marquante sur les membres de son équipe, qui contribue à la cohésion de l’équipe, à la satisfaction des besoins de ses membres et à la réalisation des objectifs communs ».  Qu’il ait ou non un titre ou un rôle de direction, les membres de l’équipe considèrent le leader comme une ressource, une référence, un guide.
  • Leadership de la femme qui est « un modèle du genre féminin c’est-à-dire la faculté qu’a une femme ou une fille ayant des idées novatrices de conduire des changements positifs dans un groupe d’où elle émerge de façon remarquable ».

Une femme leader est généralement perçu par les membres de son organisation comme une personne de référence qui doit par conséquent être un guide c’est-à-dire une personne crédible, franche et lucide, humble.
Après ces définitions, les participantes sont allées en travaux de groupes qui leur ont permis de citer 3 femmes leaders de leurs communautés et de dire ce qu’il faut pour être un bon leader.
Les participantes ont été édifiées sur les différentes stratégies et actions pour être un bon leader en relevant les qualités d’un bon leader à savoir : honnêteté, le goût du risque, l’optimisme, le goût de s’améliorer, le pragmatisme et avoir une vision.

Cette communication a permis aux participantes d’avoir un aperçu sur les différents styles de leadership.
Notons que par style de leadership, on entend la manière dont le leader s’y prend pour fixer des objectifs, formuler un plan et motiver toutes les personnes concernées.
Quelques styles :

  • L’autocratique qui dirige et contrôle pour la production sans se soucier des bonnes relations interpersonnelles il utilise souvent la menace de sanctions négatives,
  • Le laisser- faire qui démontre sa faiblesse en arrivant pas à s’imposer au groupe,
  • Le démocratique qui permet à tous les membres du groupe de participer aux activités de l’institution,
  • Le social qui mise sur les relations humaines et la camaraderie
  • Le style du compromisqui ne recherche pas la solution idéale mais emprunte toujours la voie moyenne pour obtenir un niveau de production acceptable par tous,
  • L’intégrateur qui suscite l’engagement véritable du groupe à la production
  • Le Style situationnel qui adapte son comportement en fonction des personnes et de la situation. Ce style s’inspire de tous les autres styles, selon les réalités du moment

Dans un brainstorming, les participantes ont relevé les barrières pour un leadership de la femme. Certaines en étaient victimes mais ne le savaient pas.

 

les formateur REFED et ASW

MODULE RENFORCEMENT DE LA COHESION SOCIALE ET DU VIVRE-ENSEMBLE :

Ce module a démarré avec la clarification de quelques concepts relatifs à la cohésion sociale, le vivre ensemble, le déchirement du tissu social, l’extrémisme violent et la radicalisation

En travaux de groupe, les participantes ont eu à relever les notions de :

Vivre ensemble : qui se résume comme la cohabitation harmonieuse entre individus et/ou entre communautés,

Cohésion sociale : qui est la capacité d’une société à assurer le bien-être de tous ses membres en réduisant les disparités et en évitant la marginalisation.

Radicalisation : qui est le processus par lequel un individu ou un groupe d’individus est amené à considérer la violence comme un moyen d’action légitime et souhaitable.

Extrémisme violent : désigne l'utilisation de la violence conformément à un engagement idéologique visant à atteindre des objectifs politiques, religieux ou sociaux.

Et les facteurs qi peuvent amener au déchirement du tissu social et des éléments qui peuvent contribuer au renforcement de la cohésion sociale et du vivre ensemble.

A ce niveau, elles ont souligné que les conflits fonciers, les conflits entre familles ou groupes sociaux, la pauvreté, le chômage, la discrimination etc… pour ne citer que ceux-là sont des éléments qui contribuent au déchirement du tissu social.

Les participantes ont reçu des informations par rapport au rôle joué par les femmes dans la prévention de l’extrémisme violent relevant ainsi le lien entre le genre et l’extrémisme violent : Exploitation des violences faites aux filles et aux femmes (mariages forcés, grossesses précoces et non désirées, violences physiques conjugales, utilisation des maris, utilisation des commerçantes, Utilisation des enfants ou un membre de leurs familles, attraction avec l’argent et les promesses etc…

À la suite de tous ces moules, les participantes sont plus que déterminées à :

·         Renforcer la Situation familiale à travers l’éducation donnée aux enfants.

·         Éviter les conflits et renforcer le bon voisinage

·         Dissuader leurs enfants et leurs sœurs d’intégrer les groupes violents.

  • Cultiver la tolérance, le vivre ensemble etc…
Les participantes ont ensemble avec la consultante réfléchi sur les idées de sketchs.

Ces sketchs ont été conçus sur le leadership de la femme, le renforcement de la cohésion sociale et le vivre ensemble, la prévention contre l’extrémisme violent pour pouvoir démontrer le lien entre les VBG et l’extrémisme violent. Les sketchs sont des outils faciles de sensibilisations, de transmission d’informations.

formateur ASW

CONCLUSION

Cet atelier de renforcement de capacités des femmes de la préfecture de l’Oti-Sud, est la suite d’une lutte sans merci contre les VBG et l’extrémisme violent engagée par les femmes du REFED depuis Cinkassé. Les femmes ont renouvelé leur engament dans la préservation de la paix dans leurs milieux en renforçant pour cela le vivre ensemble et la cohésion sociale commençant par la cellule familiale Ainsi des restitutions sont programmées dans les huit cantons pour une meilleure prévention.
L’atelier a pris fin sur une note de grande satisfaction des femmes.